Poupées de son
Vainqueurs des INOUÏS du Printemps de Bourges, les Montréalais Mark Berube et son acolyte violoncelliste Kristina Koropecki offrent avec Russian Dolls un album hybride, traversé de multiples influences.
Pourquoi avoir baptisé l’album Russian Dolls (poupées russes) ?
Mark : ce dernier album est plus produit que les précédents. Ce n’est pas un album épuré, acoustique, avec juste une voix et un accompagnement instrumental acoustique. Nous avons travaillé sur plusieurs niveaux sonores, de textes… plusieurs niveaux de lecture et d’écoute. J’aime cette idée de découvrir successivement différentes couches, comme une poupée russe que l’on ouvre sans savoir exactement combien d’autres se cachent à l’intérieur.
Comment avez-vous travaillé à l’écriture de l’album ? C’est un projet à quatre mains ?
Mark : j’écris les textes et la musique, et à partir de cette base nous travaillons ensemble les arrangements, le choix des instruments. Cette phase créative est celle que je préfère, c’est très stimulant de construire le squelette d’un album.
Kristina : on s’inspire aussi de plein de choses qu’on écoute, évidemment. Je ne sais plus qui a dit « les bons artistes copient, les grands artistes volent » [NDLR Pablo Picasso] (rires)… Mais il y a un peu de ça ! Par exemple, la fin de la chanson Carnival comporte une référence à un titre du groupe The Luyas, dont j’adore les albums. Beaucoup d’auditeurs ont aussi entendu des références à Philip Glass qui ne sont pas conscientes !
L’album est plus rock que les précédents, davantage marqués par une esthétique folk. Revendiquez-vous certaines influences qui vous ont menés sur cette voie ?
Mark : l’album English Riviera de Metronomy m’a pas mal inspiré, en me donnant envie d’aller creuser plus loin avec des sons de claviers notamment. L’évolution se fait progressivement ; il est important de se renouveler…
Kristina : nous avons fait des tournées au Canada et en Europe avec Sophie Hunger, qui utilise de nombreux effets sonores, toujours très bien trouvés. Cette collaboration m’a beaucoup marquée, et j’ai commencé à explorer de plus en plus les possibilités offertes par le traitement avec des pédales d’effets. C’est une vraie addiction ! En tant que violoncelliste avec une culture classique, je suis venue au rock et à la pop sur le tard, et il est très excitant de s’approprier d’autres outils. J’ai en outre trouvé une autoharpe il y a quelque temps en allant rendre visite à ma grand-mère. C’est un instrument utilisé dans la musique folk américaine, le bluegrass. J’ai évidemment fini par le brancher aussi à des pédales ! Le son du groupe a donc en effet pas mal évolué par rapport aux albums précédents.
— Hannelore Guittet
Crédits Vidéo : Réalisation - Vincent Bourre
Camera - Audrey Bastide, Vincent Bourre
Enregistrement et mixage - Nicolas Weil
Crédits Photo : © 2013 - LM Chabot