DIY...Do It Yourself !
Le recours au Do It Yourself, idéal pour s’affranchir des intermédiaires, séduit au-delà des marges.
Certains d’entre vous sont peut-être familiers avec cette appellation qui désigne un mouvement culturel aux nombreuses ramifications. Du recyclage écolo à la culture punk anticonsumériste, en passant par les logiciels open source, wikipédia et les friperies bobos, c’est une philosophie de vie qui prône l’autonomie et la débrouille comme alternative politique à un modèle sociétal de marchandisation dominante. Dans ses implications artistiques, et notamment en musique, le DIY est le Hakuna Matata des autoproducteurs.
Vraie reconnaissance
L’évolution d’Internet vers le Web 2.0 n’est pas étrangère à l’émergence du mouvement DIY, en ce sens qu’elle a considérablement facilité l’automanagement artistique, grâce à des sites comme Myspace, Napster, ou plus récemment Bandcamp. La crise de l’industrie du disque a aussi - bien entendu - favorisé l’essor de ce nouveau statut d’autoproducteur. Les budgets s’amenuisant et les labels étant plus prudents, nombreux sont les musiciens qui ont pris le taureau par les cornes, et se sont lancés dans la production de leurs propres albums.
Souffrant il y a peu d’une connotation péjorative de marginal, voire de laissé-pour-compte sans talent n’ayant de fait d’autre option que celle de s’autoproduire, l’artiste DIY a acquis une vraie reconnaissance et fait désormais partie intégrante du paysage musical, au point que certains groupes réussissent aujourd’hui à se faire connaître en jouant de ce réseau alternatif. Le groupe de rock anglais Arctic Monkeys est un exemple de groupes dont la popularité s’est faite grâce au buzz Internet, s’affranchissant des circuits promotionnels traditionnels (qui les ont de toute façon rattrapés a posteriori). Exemple minoritaire, bien sûr, mais comme le sont les artistes édités par des labels, ou - sans aller si loin - ceux qui parviennent à faire écouter leurs bandes à un producteur.
Face à la crise
Qu’on ne se méprenne pas cependant. Il n’est pas question ici de stigmatiser ces « grands méchants producteurs » qui passent à côté de certains artistes pour de bonnes et mauvaises raisons : contingences économiques, manque de curiosité, surabondance de sollicitations, etc. L’objet de cet article n’est pas de faire l’apologie du mouvement DIY par une opposition manichéenne et réductrice aux représentants de l’industrie discographique.
Mais plutôt de mettre en exergue la cohabitation de deux systèmes, l’existence parallèle d’une communauté d’artistes qui ont fait le choix de court-circuiter les intermédiaires qui les séparaient de leur public. Une communauté d’artistes pas nécessairement marginaux et fauchés, pas nécessairement mus par l’adage populaire qui voudrait que « lorsqu’on n'a pas de pétrole, on a des idées ». Une communauté d’artistes, connus ou pas, qui compte parmi ses rangs Monsieur X, Radiohead et le London Symphony Orchestra.
La filière musicale n’a pas fini d’opérer sa mue, et tâtonne pour trouver une issue à la crise qu’elle traverse depuis des années. Le DIY n’est certainement pas LA solution miracle, mais a au moins le mérite d’exister…
— Hannelore Guittet