"C'est notre premier grand concours"
A la veille de monter sur la scène du 12e Concours International de Musique de Chambre de Lyon, nous avons rencontré le Duo Cépia - composé du violoncelliste Florian Erpelding et de la pianiste Minhui Chen - qui se réjouit de passer les épreuves à domicile.
Si vous deviez résumer votre parcours d’instrumentiste en solo et en duo…
Florian : Les deux parcours sont assez liés puisque nous nous sommes rencontrés il y a sept ans au CNR de Nice en jouant des sonates ensemble. Par la suite, Minhui est entrée au CNSM en piano et je l’ai rejointe en intégrant la classe de violoncelle deux ans plus tard. Nous avons alors commencé un travail de trio avec un violoniste. Grâce au concours, nous avons décidé de reformer notre duo.
À votre avis, quelle est la recette d’un bon duo ?
Du travail, pour commencer ! Une cohésion, c’est certain. Celle-ci est renforcée par le fait que nous nous connaissions depuis quelques années déjà : c’est un avantage.
Parlons du concours. Quelles sont les raisons qui vous ont poussés à y participer ?
Le fait que ce soit à Lyon - à la maison - a été pour nous un facteur déterminant. C’est également une occasion unique de jouer un grand répertoire avec pas moins de sept sonates à préparer. Cela représente beaucoup d’investissement et de travail, mais c’est aussi le moyen d’élargir notre répertoire et nos horizons.
Qu’est-ce que le concours représente pour vous ?
Minhui : C’est la musique, c’est s’amuser… C’est ma dernière année ici, alors c’est aussi pour vivre une nouvelle expérience.
Florian : On verra où cela nous mène. C’est certain que le concours peut être un tremplin pour nous. Nous savons qu’il y a des directeurs artistiques de salle cachés dans le public, et cela peut déboucher sur des concerts ou d’autres projets.
Depuis quand avez-vous décidé par conséquent de participer à ce concours ?
L’idée remonte à presque un an, lorsque la thématique du concours a été publiée. Mais la décision finale a été prise cet été, et nous ne la regrettons pas. Nous avons eu ainsi rapidement connaissance du programme du concours, dont la découverte de quelques surprises dans le répertoire proposé !
Comme l’œuvre de Karol Beffa (compositeur invité cette année) ? Vous a-t-elle fait peur ?
Peur... non. Mais c’est la première fois que nous créons une pièce, et une pièce d’aujourd’hui qui est… vraiment d’aujourd’hui ! Nous avons découvert ce travail qui nous a beaucoup intéressés, tout en nous posant de nombreux problèmes. Cela fait partie des raisons pour lesquelles nous avons tenu à participer à ce concours. Avoir un répertoire si varié, allant de Beethoven à Beffa, ce n’est pas donné à tout le monde.
Comment avez-vous abordé cette œuvre ? Vous avez peut-être rencontré le compositeur ou fait des recherches sur son travail ?
Nous ne l’avons pas rencontré directement. La grande difficulté fut de travailler sans enregistrement et avec la seule présence d’une partition comme matériel. On part vraiment de la partition, et il faut s’en faire une idée. Alors, on joue beaucoup pour essayer de s’en imprégner jusqu’à attendre que quelque chose s’en dégage. Nous n’étions pas à la recherche d’un but ou d’une version ; nous voulions juste créer notre chemin.
Si vous deviez résumer le programme général du concours en quelques mots...
C’est notre premier grand concours. Nous trouvons le programme plutôt varié, et cela est appréciable. Dans notre manière de l’aborder, nous nous sommes vite rendu compte que chaque œuvre, chaque passage d’œuvre devait se traiter singulièrement. Parfois on s’imagine que cela va nous prendre beaucoup de temps, et finalement cela fonctionne assez vite ; parfois c’est l’inverse : on y passe la journée ! C’est vrai que le répertoire de la finale est assez délicat : nous avons fait le choix de la Sonate n°2 en fa majeur op. 99 de Brahms, une œuvre que nous avions déjà jouée l’année précédente mais qui nous a demandé beaucoup de travail, en plus de l’Arpeggione de Schubert.
Dans ce programme, des œuvres favorites, nous en avons : comme « le Debussy et le Beethoven » que nous aimons beaucoup ; le programme de la finale aussi, même s’il reste très technique.
En un mot, qu’allez-vous mettre dans vos œuvres pour qu’elles deviennent vôtres ?
Cela dépend des œuvres. Nous avions la volonté de diversifier un maximum nos interprétations ; surtout dans le court temps de présentation de notre travail, c’est ce qui nous semblait la première consigne du jury. C’est l’occasion de montrer la limite extrême des œuvres et ce que nous pouvons proposer à deux. Donc : de la folie, mais aussi de la tendresse parfois… un maximum de diversité !
— Antoine Gasse
Crédit Photo : Vincent Noclin