Allons enfants de la partie…

La coupe du monde de rugby offre une belle occasion tactique de mêler les frissons du sport à ceux de la musique (et du marketing).

En défense : un genre de musique qui fasse classe…

Pour les as du " marquetingue " sportif, la musique qui sonne le plus classe est assurément le classique. L’hymne officiel de la coupe du monde de rugby, commandé en 1991, s’appuie sur le mouvement que le compositeur Gustav Holst (1874-1934) a consacré à Jupiter - et déjà utilisé pour un hymne patriotique.

Dans les stades de foot, l’hymne officiel le plus emblématique est sans conteste celui de la Ligue des champions, né en 1992. « C'est de la musique classique, donc elle n'est ni à la mode ni pas à lamode », analyse finement Laurent Cochini, directeur conseil chez Sixième Son, qui se définit comme créateur d’identité sonore. « Il y avait dans [la] commande une demande de gravité (…). Cela ne doit pas donner l'impression de pop music bon marché », se souvient le compositeur Tony Britten, qui a puisé son inspiration chez Hændel. Pas de pop music bon marché donc ; un conseil qu’a assurément suivi Shakira pour son officiel Waka Waka de la Coupe du Monde 2010…

Encore aujourd’hui, quand un hymne sportif est créé - comme fin septembre à Nantes pour les sportifs des Pays de la Loire - c’est à des élèves du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris qu’on confie la mission… Le classique, toujours le classique.

En milieu de terrain : un message qui fasse simple…

 « WakaWaka représente avec ses rythmes africains la joie de vivre et l’énergie du continent », se félicite la Fifa en 2010, peu avare en clichés et en autosatisfecit pour cet hymne officiel sélectionné avec Sony. « Les Sud-Africains sont tellement affectueux, ils sont tellement gentils. Ils affichent tout le temps un sourire sur leur visage », renchérit Shakira. Même les Sud-Africains expulsés de force pour cacher la misère aux amateurs de football ?*

Pour réviser pays par pays les bases du folklore d’un autre continent - l’Amérique du Sud -, prière cette fois de visionner le clip de la Copa America 2015 : América es la fiesta. Oui, la musique et le sport, c’est la même énergie positive…

Il ne faut pas aller chercher trop loin, non plus, dans les paroles. « Ce sont les meilleures équipes /Les grandes équipes / Une grande réunion / Les grandes équipes / Ils sont les meilleurs / Les grandes équipes », ânonne l’hymne de la Ligue des champions, décliné en français, anglais, allemand.

« N’importe quel hymne dans le sport doit diffuser quelque chose de positif, explicite le chanteur des Blitz Kids, fondateurs de l’hymne officiel du Red Bull X-Fighters World Tour 2014 (une compétition de motocross) ; ce qu’il faut retenir du message de la chanson est qu’il faut faire ceque l’on aime dans la vie. » Tant qu’on n’est pas obligé d’écouter un morceau qui offre le même plaisir auditif que le bruit de fond d’un motocross…

En attaque : une star qui fasse tête de gondole…

Julio Iglesias chantait et jouait au football au Real Madrid. Il a transmis ces deux passions à son fils Enrique, chargé de chanter l’hymne officiel de l’Euro 2008. Le tube s’intitulait Can you hear me ? Malheureusement, oui…

Pour l’hymne officiel du prochain Euro, en France, c’est David Guetta qui s’y colle. Mi-septembre, il a annoncé le «  featuring d'un ou une énorme artiste ». Sa référence, c’est le mythique We are the champions, de Queen, dont il n’est toutefois « pas tout à fait sûr de savoir si c’était un hymnesportif ou pas ». Espérons que le morceau sur lequel travaille Guetta, lui, relèvera au moins de la musique…

Actualité oblige, terminons ce tour des sports (bien loin d’être exhaustif) par le rugby, à la gloire duquel s’égosillent Roberto Alagna, André Rieu ou encore Tom Jones. Cette année, la star britannique Paloma Faith prête sa voix à l’hymne mondial officiel mais certains fans de l’ovalie ne l’entendent pas de cette oreille, pétitionnant en représailles.

Paloma Faith n’aurait peut-être pas dû s’en "mêlée ".

— Mathieu Hautemulle

* Ne nous moquons pas : les recettes générées par Waka Waka et l’album officiel devaient être reversées à une campagne visant à « utiliser le pouvoir du football pour œuvrer positivement au changement social ». Du moins c’est ce que promettait cette institution qu’est la Fifa, réputée pour sa probité et sa générosité.

Crédit photo : CC BY-NC-ND 3.0 

Le 8 Octobre 2015 par Mathieu Hautemulle

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